Circuit Jordanie 2022
23/08/2022
Avant-propos
Pour l'organisateur que je suis, rien ne peut autant me réjouir et me remplir de bonheur que de savoir les participants à mes séjours satisfaits de leur voyage. Le raconter autour de soi aux siens, aux amis ou le partager sur les réseaux sociaux comme c'est devenu courant aujourd'hui est une chose, l'exprimer à travers un long texte laborieux à écrire, sachant toutes les difficultés qu'il y a face à une telle tâche et les conditions nécessaires pour le faire, c'en est une autre !
Elles sont venues à bout de cette tâche et haut la main, je les en félicite !
Mis à part toutes ces conditions, il y a surtout une volonté certaine et une générosité indiscutable pour le partage avec les autres, que les 2 sœurs auteures de ce texte, Rania et Houria veulent exprimer, je les en remercie profondément.
AHLAN WA SAHLAN (BIENVENUE) EN JORDANIE
Voyager en Jordanie est une expérience inoubliable. C'est ce que beaucoup nous avaient dit à l'annonce de notre voyage, et c'est ce que nous avons profondément ressenti durant notre séjour sur cette terre d'histoire et d'accueil, qui regorge de trésors et de paysages magnifiques.
En effet, comme nous avions pu le lire dans notre Guide sur ce pays « toute visite en Jordanie est une rencontre avec l'histoire ». Car si la Jordanie est un État particulièrement récent pour avoir été proclamé au sortir de la seconde guerre mondiale, le 25 mai 1946, elle a une histoire millénaire imprégnée de multiples influences. S'y sont succédées de nombreuses civilisations, comme en témoignent notamment la ville romaine de Jerash, la cité nabatéenne de Petra ou encore la citadelle omeyyade d'Amman, première dynastie musulmane (650 -750) et dernière civilisation à avoir occupé ce lieu millénaire
Mais à côté de cette richesse historique, l'émerveillement est également assuré par les paysages et les sites naturels de la Jordanie : la mer morte, le désert du Wadi Rum la mer Rouge et ses paysages sous-marins...
Et que dire du peuple jordanien, de son hospitalité, de son ouverture d'esprit et de sa modernité respectueuse des traditions et des religions.
Ce voyage de 7 jours en Jordanie, au sein d'un groupe de 28 personnes bienveillantes, solidaires et chaleureuses, a débuté par une première nuit à Amman, capitale de la Jordanie et ville moderne aux nombreuses ruines antiques.
Jerash
Le lendemain, notre première visite a été celle du plus vaste des sites romains de Jordanie, situé à Jerash, à 50 kilomètres d'Amman.
Appelé la Jerasa gréco-romaine, le site de vestiges antiques est particulièrement bien conservé par l'air sec du désert et compte des ruines spectaculaires.
Après y être entré par l'imposant arc d'Adrien de 13 mètres de haut (deux fois plus haut à l'origine), seule porte monumentale qui subsiste encore aujourd'hui, on y découvre l'hippodrome construit pour accueillir jusqu'à 15.000 spectateurs, le forum et le Théâtre sud, le Temple d'Artémis et ses 11 colonnes restantes, le cardo maximus et l'agora, le temple de Zeus et des vestiges d'églises.
Cette première visite terminée, notre guide nous a emmenés visiter la grotte dite des Sept Dormants, qui serait celle mentionnée dans la sourate Ahl al Kahf (La caverne) dans le Coran.
Sur place, il nous a conté les indices attestant de la probable véracité du lieu (la correspondance avec la description de la grotte dans le Coran, l'évocation dans le Livre Saint du nom de la région en Jordanie où elle se trouve (Raquim), la présence de stèles au-dessus de la grotte...). Dans cette grotte, située dans le village de Rajib, à droite d'une mosquée récente, nous avons effectivement pu voir huit petites tombes scellées, qui seraient donc celles des sept dormants et de leur chien, et une petite cavité contenant des ossements humains. Nous y avons vécu un moment de spiritualité intense.
Petra
Notre deuxième journée de visite a été consacrée au lieu le plus emblématique de la Jordanie : l'antique cité nabatéenne de Petra, taillée dans les falaises de grès rose du sud de la Jordanie à partir du VIIIème siècle avant Jésus Christ et élue en 2007 parmi les sept nouvelles merveilles du Monde.
Petra, qui compte 800 sites répertoriés, dont 500 tombes, le Trésor, la rue des Façades, le Monastère, le Haut lieu des sacrifices (Al-Madbah), le Théâtre..., est littéralement extraordinaire, fabuleuse, mythique.
Dès l'entrée dans le Siq (long chemin étroit pris entre deux immenses parois rocheuses hautes de plusieurs dizaines de mètres menant à la cité antique de Petra), le visiteur est transporté dans un autre univers. Car le Siq est à la fois un site naturel impressionnant né d'un bloc fissuré par l'action des forces tectoniques et une voie sacrée ponctuée de multiples éléments religieux dans laquelle se déroulaient les processions des grandes cérémonies religieuses. Le traverser c'est ressentir la force infinie de la nature et de la foi tant les sculptures taillées à même la roche et la multitude de tombeaux lui donnent une dimension mystique encore amplifiée par la beauté du site. Le traverser c'est aller avec excitation et impatience vers le Trésor de Petra (al Khazheh), mausolée emblématique de Petra, qui se dévoile de manière progressive entre les lignes cursives des parois du Siq.
Monument majestueux de 43 mètres de hauteur pour 30 mètres de largeur, le trésor est un tombeau, construit au premier siècle avant JC, dont on ne connaît pas encore aujourd'hui les raisons de l'édification. Il doit son nom à une légende bédouine qui laissait entendre qu'un pharaon aurait caché ses richesses dans l'urne placée à son sommet, laquelle d'ailleurs est criblée d'impacts de balles, attestant de tentatives aussi répétées que vaines d'en percer le secret. Sa localisation, la couleur changeante de son grès, la manière dont il se révèle au bout du Siq, la délicatesse de sa façade, ses secrets et les légendes qui l'entourent font de ce monument une merveille à contempler indéfiniment. Il est d'ailleurs pour beaucoup de voyageurs le monument qui aura motivé leur voyage en Jordanie
Petra c'est enfin l'histoire pour le moins extraordinaire de sa redécouverte le 22 août 1812 par Johann Ludwig Burckhardt, alors qu'elle était oubliée depuis presque 1000 ans et probablement aussi cachée par les bédouins, après avoir été victime de plusieurs séismes. En effet, cet aventurier suisse, converti à l'Islam et se faisant appeler Cheikh Ibrahim, avait dû, pour gagner la confiance des tribus locales et réussir à pénétrer sur le site se déguiser en syrien, se présenter comme un pèlerin désireux de se rendre sur la tombe de Haroun, et dissimuler son étonnement lorsqu'il franchit le Siq.. Toute une histoire, que nous a bien évidemment contée notre guide jordanien !
Wadi Rum
A regrets mais la tête pleine d'images et de souvenirs inoubliables, nous avons quitté Petra la merveilleuse et ses mystères après une douce nuit de sommeil dans la ville, pour partir à la découverte du désert du Wadi Rum situé à environ deux heures de Petra, à l'extrémité sud de la Jordanie.
Inscrit au Patrimoine mondial de l'humanité depuis 2011, le Wadi Rum, également appelé Vallée de la Lune, n'est pas seulement un désert de sable. A côté des dunes, on y trouve de magnifiques formations de grès, des canyons, des arches naturelles, des grottes et des falaises, qui se parent de rouge, de jaune, d'ocre, de blanc, et qui sont sublimés par la lumière du soleil.
Tout cela en fait un lieu unique. Un lieu « vaste, retentissant, divin », selon les mots de Thomas Edward Laurence, dit Lawrence d'Arabie, qui participa à la révolte arabe contre l'empire ottoman durant la première guerre mondiale et qui a marqué le Wadi Rum au point que plusieurs sites ou édifices du désert portent son nom ou celui de son récit d'aventures Les sept piliers de la sagesse : Puits de Lawrence, Maison de Lawrence, Les sept piliers de la sagesse.
Ce lieu, nous avons eu la chance de le visiter en 4x4, balade durant laquelle nous avons aperçu les rails du chemin de fer, qui aurait été attaqué par ce même Lawrence d'Arabie, et goûté au thé et à l'accueil des bédouins ainsi qu'à certaines de leurs plantes médicinales provenant du désert lui-même. De retour de cette balade, nous avons vécu l'expérience indicible d'un coucher de soleil et d'une nuit en plein désert, et pour les plus courageux d'entre nous celle du lever du soleil. A nouveau, ce fut des moments inoubliables !
La Mer Morte
Après le désert et ses étendues de sable, direction la mer morte.
Pour notre quatrième jour en Jordanie, nous sommes allés nous baigner... ou plutôt flotter dans les eaux de la mer morte. Car si les eaux de la mer morte sont d'un bleu intense, on ne s'y baigne pas, on n'y plonge pas, on y découvre l'expérience extraordinaire de la flottaison. La raison de ce phénomène réside dans l'extrême salinité de cette mer, qui s'élève à environ 30 % (6 à 7 fois le taux des autres mers et océans). C'est également cette concentration élevée en sel qui donne son nom à la mer morte, puisqu'elle empêche toute vie aquatique, comme nous l'a rappelé notre guide.
Etendue d'eau la plus salée du monde avec le lac Assal de Djibouti, la mer morte, qui est en réalité un lac alimenté par le Jourdain, en est aussi le point le plus bas, puisqu'elle est située 429 mètres en dessous du niveau de la mer. Ce chiffre augmente d'année en année puisque la mer morte ne cesse de baisser, en raison de l'évaporation commencée il y a plusieurs années (qui explique le taux de sel très élevé), de son exploitation par l'industrie de la potasse et de l'irrigation intensive de la vallée du Jourdain... Certains écologistes annoncent d'ailleurs sa disparition imminente... c'est donc une chance pour nous d'avoir pu visiter et au-delà expérimenter ce site naturel extraordinaire !
Mais la mer morte c'est aussi sa boue noire riche en minéraux utilisée jadis par les Égyptiens pour la momification et exploitée depuis longtemps pour ses vertus dermatologiques. Nous avons d'ailleurs pu nous faire des masques à la boue noire lors de notre visite puisqu'il en était laissé en grande quantité à la disposition des voyageurs sur la plage de l'hôtel, par lequel nous avons pu accéder à la mer morte.
C'est « rajeunis et plus beaux que jamais » que nous avons quitté la mer morte après notre soin improvisé pour regagner Amman où nous avons fini notre séjour dans notre hôtel très confortable du début du voyage.
Mosquée Abdallah
En ce 5ème jour, Nous y avons d'abord visité la mosquée du roi Abdallah, érigée entre 1982 et 1989 selon le souhait de feu le roi Hussein pour rendre hommage à son grand-père le roi Abdallah 1er, premier souverain de la Jordanie (en 1921), alors appelée Transjordanie ou Cisjordanie orientale.
Seule mosquée d'Amman pouvant être visitée par les non musulmans (en dehors des heures de prière), la mosquée Abdallah 1er est située à l'ouest de la ville, sur la colline de Jebel al-Weidbeh, juste en face d'une église orthodoxe.
Nous avons pu contempler son grand dôme de mosaïque bleue (35 mètres de haut), dominant la ville et faisant office de toit pour la salle de prière destinée aux hommes, ainsi que ses deux minarets.
A l'intérieur, le dôme est strié de fines bandes dorées et blanches tel un soleil sur le bleu azur Il est par ailleurs décoré d'inscriptions calligraphiques rappelant les 99 Noms d'ALLAH, tandis que des versets du Coran sont inscrits sur un grand chandelier à trois branches. Le sol est recouvert d'un tapis rouge qui symboliserait la fertilité. Outre cette salle de prière, qui peut accueillir 3000 fidèles (la cour extérieure permettant d'en accueillir 6000 de plus), la mosquée compte un espace de 500 places dédié aux femmes et un troisième dédié à la famille royale.
Après avoir vécu un moment de sérénité, de recueillement et de spiritualité dans les salles de prières, nous avons visité le petit musée islamique situé dans l'enceinte de la mosquée, au rez-de-chaussée. Nous y avons vu quelques poteries ou fragments de poteries anciennes, des photographies et des effets personnels du roi Abdallah 1er, des pièces de monnaies anciennes et des pierres gravées.
Nous quittions la mosquée du roi Abdallah 1er, qui reste un symbole de la ville d'Amman, même si elle n'est plus la mosquée nationale de Jordanie, car depuis avril 2006 a eu lieu l'édification de la mosquée du roi Hussein Bin Talal, construite en l'honneur du commanditaire de la mosquée Abdallah.
La Citadelle ou Qal'a
Notre visite d'Amman s'est alors poursuivie par celle du site historique situé au centre de la ville, au sommet du djebel al- Qala'a ou connu sous le nom de Citadelle.
Cette visite a été pour nous, le moment d'en apprendre davantage sur le très riche passé de la ville d'Amman.
Cette dernière, autrefois appelée Rabbath Ammon puis Philadelphia, est habitée depuis des millénaires au cours desquels elle a abrité plusieurs civilisations comme le peuple biblique des Ammonites, les Assyriens, les Perses, les Grecs, les romains, les Byzantins et enfin les Omeyyades. Ce site, qui est depuis toujours le cœur historique d'Amman, témoigne de ce riche passé de la ville retracé sur quelques panneaux d'information à l'entrée de la citadelle.
Occupé depuis l'âge du bronze, le site de la citadelle conserve les ruines éparses d'un mur d'enceinte de 1700 mètres de long, reconstruit à de nombreuses reprises (notamment sous les Romains, les Byzantins et les Omeyyades), mais aussi des vestiges remarquables, à commencer par ceux du temps d'Hercule et du palais des Omeyyades.
Le temple d'Hercule est un temple romain construit par Marc Aurèle au deuxième siècle après J-C. Des parties du podium et des colonnes, toujours visibles depuis la ville, sont les seuls vestiges d'importance de ce sanctuaire. On peut voir également les restes d'une statue colossale d'Hercule (haute de 9 mètres dit-on), dont une main en pierre sculptée, qui donne une idée de la minutie avec laquelle le temple était orné et du caractère impressionnant de la statue.
Le Palais Omeyyade a lui été édifié par la dynastie Omeyyade vers l'an 720. Détruit par un tremblement de terre dès 749, il ne fut jamais entièrement reconstruit. Il est principalement composé d'une salle d'audience construite suivant un plan cruciforme comme l'église byzantine qui se dressait là avant elle, et recouverte depuis 1998 d'un dôme en bois élaboré par une équipe d'archéologues espagnols. Derrière lui, se trouve un petit musée archéologique recelant des pièces remarquables exposées et mises en scènes chronologiquement.
Notre visite de la Citadelle d'Amman nous a également offert un panorama exceptionnel sur la ville basse et son amphithéâtre romain et sur les collines environnantes recouvertes de milliers d'immeubles de pierre beige. Assurément, Amman, qui compte 3,5 millions d'habitants, a une densité impressionnante. Elle comprend deux parties distinctes : l'Ouest avec ses quartiers résidentiels cossus et verdoyants, ses cafés branchés et ses centres commerciaux modernes et ses galeries d'art et l'Est plus authentique, plus traditionnelle et conservatrice.
Le Théâtre romain
Redescendus de Jabal al-Qal'a, nous sommes partis à la découverte du dernier site historique de notre voyage, à savoir le théâtre romain, site phare d'Amman pour bon nombre de visiteurs. Creusé dans le flanc d'une colline au IIème siècle, il peut accueillir 6000 personnes. Il s'étage sur trois niveaux, que certains d'entre nous ont eu le courage de monter... Depuis quelques années, il accueille parfois des concerts en été.
Pour notre dernier jour en Jordanie, nous avons eu quartier libre dans la ville d'Amman.
Chacun est alors parti à la recherche de petits trésors et de derniers souvenirs dans les rues commerçantes de la ville, où les échanges avec les habitants ont été, comme pendant le reste de notre voyage, très chaleureux !
Le lendemain, le mardi 6 juin, chacun est rentré chez lui, la tête pleine d'images plus rayonnantes et savoureuses les unes que les autres, et le cœur rempli des moments partagés avec les jordaniens mais aussi avec les membres de notre groupe. Car si ce voyage a été riche de découvertes impressionnantes et mémorables, il a aussi été l'occasion de très belles rencontres, elles aussi inoubliables.
Texte écrit par Rania et Houria Arbi